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Industrie textile : comment la rendre plus durable ?

Industrie textile : comment la rendre plus durable ?

Le textile joue un rôle central dans la lutte contre la triple crise planétaire que représentent le changement climatique, la perte en biodiversité et la pollution.

L’événement de haut niveau « Fils du changement : transformation systémique du secteur textile », organisé à Bruxelles par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et la présidence belge du Conseil de l’Union européenne (UE) le 16 mai, a permis de rappeler quelques faits majeurs.

  • Chaque année, on estime l’industrie textile responsable de 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, en raison de la consommation excessive de ressources naturelles et d’énergie.
  • Le secteur utilise chaque année en volumes d’eau l’équivalent de 86 millions de piscines olympiques.
  • L’industrie textile mondiale génère également 9 % de la pollution microplastique qui se déverse dans les océans.
  • 430 millions de personnes sont employées par ce secteur massif, dont 60 millions sont liées au marché européen. L’exploitation de ces travailleurs représente également un problème mondial.

« La culture du jetable »

« Le monde est devenu accro à la mode éphémère », a déclaré Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, dans son discours d’ouverture. « La culture du vêtement jetable dans les pays riches ne profite à personne ».

Depuis 2020, le PNUE collabore avec la Commission européenne pour rendre le secteur textile plus durable et promouvoir des modèles commerciaux circulaires.

Le PNUE encourage également l’adoption de politiques plus strictes au sein de l’UE afin de garantir que le marché de l’exportation de produits d’occasion vers les pays du Sud soit mieux réglementé. Une feuille de route mondiale sur l’industrie textile a été élaborée par le PNUE, qui travaille avec 14 pays pour la mettre en œuvre, avec le soutien de l’UE.

Dans son message vidéo, Zakia Khattabi, ministre fédérale belge du climat, de l’environnement, du développement durable et du Pacte Vert a mis en avant des « développements prometteurs ».

« Les initiatives européennes telles que la responsabilité élargie des producteurs et les réglementations interdisant la destruction des textiles et chaussures invendus, adoptées en décembre 2023, représentent des étapes importantes vers la responsabilisation et la réduction des déchets ». D’autres mesures sont encore nécessaires, ainsi qu’un « changement de paradigme vers une économie textile circulaire et juste », a expliqué Zakia Khattabi.

Un tiers des textiles invendus

Comment le secteur textile peut-il devenir plus circulaire et réduire son utilisation des ressources naturelles ?

« Près de 30 % des textiles mis sur le marché ne sont jamais vendus », explique John Wante, conseiller au ministère belge du climat, de l’environnement, du développement durable et du Pacte Vert. « Si nous pouvons trouver un moyen de les réintroduire sur le marché de l’occasion, ou même de réduire la quantité de textiles mis sur le marché, cela pourrait également contribuer à réduire l’utilisation des ressources primaires.

L’UE discute également d’une « directive sur les allégations écologiques », qui permettrait de renforcer les règles lorsque les producteurs apposent un label sur un produit pour signaler son impact sur l’environnement. « Nous avons besoin de labels qui nous indiquent les performances environnementales et sociales d’un produit, qu’il s’agisse d’un bon ou d’un mauvais produit », a expliqué John Wante.

La surproduction textile, une préoccupation pour les jeunes

« Nous produisons beaucoup trop et nous devons réduire considérablement cette production, explique Kiki Boreel, ancien mannequin et ambassadrice néerlandaise du climat pour l’avenir. Nous avons assez de vêtements pour habiller six générations, et pourtant il y a toujours cet afflux de vêtements très bon marché et de mauvaise qualité ».

La surproduction doit être abordée avec deux solutions possibles, a-t-elle poursuivi. En versant un salaire équitable aux travailleurs du secteur de l’habillement, il serait moins facile de surproduire à bas prix. « Les marques devraient également publier leurs volumes de production et le nombre de modèles qu’elles mettent sur le marché. Les consommateurs pourraient ainsi comparer plus facilement les marques et choisir celles qui ne pratiquent pas la surproduction ».

Plus de réglementations sont nécessaires

S’exprimant au nom de Decathlon, une grande entreprise de vêtements de sport, Jana Hrckova, responsable de la politique européenne et des affaires publiques, a déclaré que le secteur privé accueillait favorablement les réglementations : « Il s’agit non seulement de notre devoir envers les générations futures, mais aussi de la longévité de notre entreprise ». Elle a souligné la nécessité d’harmoniser les règles dans le domaine du prélavage et du lavage industriel, ainsi que le seuil maximum d’utilisation des microfibres (composées de microplastiques), par exemple.

Pankaj Phukan, premier secrétaire pour le commerce à l’ambassade de l’Inde à Bruxelles, a souligné la nécessité de transformer non seulement les politiques, mais aussi les comportements individuels. Il a expliqué comment le Premier ministre indien donne l’exemple avec son initiative « Lifestyle for the Environment » (LiFE), prise lors de la COP26 en 2021. Narendra Modi encourage les citoyens à changer leurs habitudes, en portant lui-même des tenues entièrement fabriquées à partir de matériaux recyclés.

Quelles solutions ?

« L’un des changements systémiques les plus importants consiste à conserver nos vêtements plus longtemps », a déclaré Jana Hosková, chef d’unité adjoint à la direction générale de la justice et des consommateurs de la Commission européenne.

« D’ici 2030, les produits textiles mis sur le marché de l’UE devraient avoir une longue durée de vie et être recyclables, dans une large mesure ils devraient être fabriqués à partir de fibres recyclables (…) et produits dans le respect des droits sociaux et de l’environnement ».

Quinten Schaap, directeur fondateur de Bakermat, une entreprise anversoise dont la mission est de « donner aux créateurs les moyens de concevoir des produits responsables et équitables », a souligné la nécessité de « renforcer la relation entre l’industrie textile actuelle et la prochaine génération de créateurs et de designers ». Il a plaidé pour davantage de « relations de collaboration », pour « co-créer » avec des textiles qui suivent une voie de transparence.

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